Cela faisait deux mois... Deux mois que son père en parlait. Bien évidemment, Mike n'y avait pas prêté attention, comme à son habitude. Il avait simplement écouté d'une oreille distraite les avertissements de son géniteur tout en zappant d'une chaîne à l'autre sur l'écran géant de sa chambre.
Pourtant, à présent il le regrettait... Un peu. Car si le garçon était inattentif, il était aussi particulièrement flemmard. Se rebeller ou se morfondre, c'était beaucoup trop fatigant, autant se laisser porter par les rapides de la vie que de tenter de les remonter, tel serait la devise du jeune homme que vous auriez pu entendre s'il en avait eu une. Mais comme il n'en avait pas, vous l'entendrez pas.
En bref, le garçon désespérait un petit peu dans la longue limousine blanche dont les roues crissaient sur les graviers blancs de l'allée. Il repensa alors à la veille, lorsque son père avait finalement pris sa décision.
Mike était alors allongé sur le luxueux canapé du salon, jouant à sa PSP plaquée or tandis que le Home Cinema diffusait la chaîne fétiche du jeune homme, MTV. James Hoolligan revenait justement ce jour là d'un voyage d'affaires à Madrid et, lorsqu'il vit son fils encore une fois affalé dans le sofa, n'ayant manifestement pas fait ses devoirs ni le travail supplémentaire qu'il lui avait demandé, il se mit en colère. L'homme parla peu mais agit vite. En moins d'une demi heure, les bagages du garçon étaient faits, son billet d'avion commandé et sa chambre à Seika payée pour les deux prochaines années.
Car c'est bien vers cet endroit que se dirigeait la voiture de Mike, vers Seika, ce pensionnat japonais si réputé parmi les plus grandes fortunes de la planète. Et c'était aussi là que l'aîné Hoolligan allait à présent étudier jusqu'à ses 18 ans, à son grand regret.
N'allez pas penser qu'il avait de quelconque préjugés face à cet établissement, mais il était pratiquement sûr que quel que soit le luxe des chambres, elles ne possèderaient pas le confort matériel de celle qu'il habitait auparavant. Minibar, consoles de jeux, multitude de dvds, ordinateurs dernier cri, écrans de deux mètres de diagonale, garde de robe de 50 mètres carrés, tout cela serait terminé à présent et c'était bien cela qu'il regrettait.
Soudain, la voiture s'arrêta. Le chauffeur descendit et lui ouvrit la porte, laissant entrer un rayon de lumière vive directement dans la rétine du jeune homme. Celui-ci mit une paire de Rayban sur son nez et sortit de la limousine. Il était vêtu d'un (très) large pantacourt en jeans lui arrivant au niveau des fesses, d'un (trop) grand t-shirt blanc sur lequel on pouvait lire "Eminem Rulz" et d'une paire de baskets blanches.
Au-dessus de sa tête plus qu'attirante, trônaient un large bandana blanc ainsi qu'une éclatante casquette sur laquelle était brodées en fil d'argent les lettres NY.
A son cou, il portait une lourde chaîne en or massif supportant un "$" en diamant pur.
Le majordome sortit ses bagages du coffre tandis qu'il se dirigeait vers les hautes portes du pensionnat. Elles étaient en bois et finement ciselées mais le garçon s'en fichait pas mal. Il les ouvrit d'un fort coup de pied et lança, avec toute le raffinement qu'on lui connait:
"YA QUELQU'UN DANS C'TE BARAQUE?"
*'tain, c'est vraiment la zone...*
[Muhuhu, qui de ces mess... mesdames je veux dire se fera démonter en première?]